Un peu de poésie...

Crimson errait sans but dans le réseau, cherchant à occuper son esprit avec autre chose que ces souvenirs qui le hantaient comme des ombres funestes. Et quoi de mieux que la lecture pour lui!

Il furrettait ans les rayon, passant un doigt sur les couverture des bouquins de façon distraite, avant de s'arrêter sur l'un d'être eux: les fleurs du mal de Baudelaire. Il eut un sourire, le saisit et l'ouvrit, et commença à lire "crépuscule du soir", ou encore "l'albatros", "le cygne..."

Plongé dans sa lecture, il s'assit à une table, silencieux, perdu dans les rêveries du poéte et dans son imaginaire. Il aimait tellement les poèmes! tant de sentiments, de souvenirs exprimés par des mots dans un rythme si mélodique... l'assassin se nourissait de ceux-ci, aussi paradoxal que cela puisse paraitre. Crimson adorait les poème, et savait que son amant aimait aussi ebaucoup la littérature, avant... il se rappelait encore sa bibliothèque de Kyoto...

Et voilà qu'encore une fois, tout le ramenait à Damian. Il soupira tandis qu'il attaquait "l'ennemi..."

Nathaniel était de mauvais poils.
Voilà plusieurs heures qu'il mettait son bureau sans dessus dessous dans l'espoir de trouver un précieux ouvrage sur les plantes parasites en milieux équatoriaux.
Rien.
Un des ses assistants trop zélè l'aurait-il rangé dans un endroit incongru ? Quelques coups de téléphone et le rouquin avait sa réponse : un crétin fini et incompétent l'avait mis dans la pile des livres empruntés à la bibliothèque qu'il s'était empressé de ramener.

Non seulement il perdait du temps -qu'il avait à foison... - mais en plus il devait traverser tout les bâtiments, l'aile de l'administration se situant très loin des serres. Cela multipliait les risques de rencontrer des agents sur le trajet... La perspective ne l'enchantait guère.

Furibard, Nathaniel débarqua donc là où se trouvait sa précieuse documentation. Il trouva la bibliothèque certes, mais ni le bibliothécaire, ni un quelconque grouillot.... Il n'avait même pas retirer sa blouse grise de travail tellement il était en pétard.
Il s'aventura dans la pièce silencieuse, entre les rangées d'étagères. Personne. Ouf. Le rouquin s'engagea dans les rayonnages scientifiques, cherchant des yeux les ouvrages de botaniques, ignorant volontairement tout autres titres. Il ne comptait pas passer la nuit ici.
Quel désordre !
Une moue désapprobatrice se peint sur son visage.

La recherche allait prendre du temps. Il repéra un escarbot. Parfait. Il allait commencer son inspection par le haut. Parcourant les tranches plus ou moins élimés des bouquins, plusieurs sujets piquèrent sa curiosité et il décida de les emprunter. Autant que se venue soit rentable. Il se saisit donc d'une dizaine d'ouvrage. Le dernier glissa et chuta.
- "Shiiit! "
La voix grave de Nathaniel résonna bizarrement dans le silence de cathédrale. Le jeune homme se félicita d'être seul donc premièrement de ne déranger personne, deuxiémement de ne pas être incorrect. Le reste de la pile, attiré par le vide, menaçait se suivre le même chemin. Nathaniel oublia momentanément son avant bras blessé, rattrapa le tout... Enfin, tenta de rattraper le tout pour finir un mètre plus bas, assis par terre, au milieux des livres et des injures qui flottaient encore dans l'atmosphère soudain moins paisible de la bibliothèque. Mortifié, il entendit un bruit de pas...

Crim' était toujours plongé dans ses fleurs du Mal. Il rêvassait tranquillement devant son livre ouvert, pensant à Damian malgré lui, tandis qu'il tournait les pages du vieu livre, dans son monde, loin des crime qu'il perpétrait au nom de celui qu'il avait aimé et assasiné.

Il en arrivait à un de ses poèmes favoris, "l'horloge" quand... Un fracas suivit d'injure le fit sursauté. Qui osait l'interrompre en pleine lecture de Baudelaire? Celui là risquait d'y laisser la vie pour un tel sacrilège! Enfin non pas vraiment, car même s'il était un assassin, il était gentil, au fond, notre Hisoka... Bon d'accord, bien au fond alors!^^

Il se dirigea vers la prevenance du bruit avant de voir la catastrophe par terre, et un Nathaniel assit au milieu des bousins. il ne lui aurait plus manquer qu'un livre sur la tête pour parfaire le ridicule.

Enfin, c'était ce que pensait Crim' alors. Il en aurait esquissé un sourire, s'il avait encore su le faire. A se demander si on était vraiment dans un réseau secret là...

" ça va?"

Dit-il comme on dirait " vous voulez un café?" Au fait, ça l'importait peu au fond, il ne le connaissait pas... Il ne lui tendit même pas la main pour l'aider à se relever. Et oui, il était altruiste mais bizarre, et Nathaniel ne devait pas être dans une assez grande détresse à ses yux pour mériter son aide!

D'ailleurs, c'est un livre qui attira son attention plus que le jeune homme en question...

" Les plantes parasites en milieux équatoriaux." Tiens donc, interessant, il y avait plein de plantes qui pouvait servir à la fabrication de poison dans ces milieux... Il devrait le feuilleter, et l'emprunter peut-être...

Enfin, il ne savait pas que c'était le livre à Nathaniel, surtout! ^^

Dans la chute, d'autres livres avait décidé d'un suicide commun. Et dans le tas, l'ouvrage de Nathaniel se trouvait maintenant à côté de son propriétaire, trop honteux pour s'en occuper.
Il eut juste le temps de tirer sur les manches trop longues de sa blouse et réajuster ses mitaines noires qu'un japonais, métis aux yeux bleus, s'approcha d'une démarche un peu trop féline.

Nathaniel se sentait mal, il entendait encore les insultes raisonner entre les étagères. Son dégoût de lui même se mua en une boule amère bloquée dans sa gorge et le sang reflua de ses joues déjà pâles. Incapable. Irrespectueux. Et totalement ridicule de surcroîts devant un inconnu...
Il murmura des excuses inintelligibles et releva sa grande carcasse dominant ainsi le brun d'une bonne tête. Il épousseta sa blouse avec méthode. Son bras le lançait. Foutu plaie.
Foutu jeux.
Foutu bouquin.

Il ignora la douleur avec mépris et ignora surtout la lueur amusée dans le regard du visiteur.
- "Veuillez me pardonner de vous avoir dérangé. Je pensais être seul."
Les livres jonchaient le sols mais aucun ne semblaient abîmés. D'un oeil torve, Nathaniel contempla l'étendue de la catastrophe.
Il porta instinctivement sa main sur son coeur, vérifiant que sa montre gousset, dans la poche intérieure de sa veste, n'avait pas eu à souffrir de ses pitreries. Et sans adresser un seul regard au spectateur de ses malheurs, il s'agenouilla et entreprit de ramasser les pauvres ouvrages.

Une couverture verte au titre orange attira son attention. Les lèvres du rouquin s'étirèrent et un doux sourire éclaira son visage, révélant sa beauté, jusqu'alors déformée par un plissement prononcé du front. Il tendit la main pour se saisir du chenapan.
Après tout, c'était sa faute !

Crimson ne quittait pas le maladroit des yeux. Mais avait-on idée d'être aussi... maladroit, oui, c'était le mot. Et surtout plus grand que lui! C'est ce qu'il pensa lorsqu'il le vit debout.

Il prêta à peine attention à ses excuses, le toisant toujours de son air froid tandis qu'il feuilletait le livres qu'il avait dans les mains, avant de le reposer sur une étagère.

Il jetta un regard à l'autre homme devant ses excuses, avant de lui répondre simplement, de sa voix indifférente et froide:

" Je lisai du Baudelaire..."

Oui, bon, en réponse, on a vu mieux mais avec Crim', il valait mieux ne pas chercher à comprendre. Une sorte de repproche sans doute pour l'avoir coupé en pleine évasion...

" Mais ce n'est pas grave..."

Oh, mais là, il faisait des efforts le crim, ou était de bonne humeur! Il vis alors Nathaniel s'agennouiller pour récupérer les livres. Il hésitait, et finit par soupirer avant de s'agenouiller à son tour pour l'aider.

car là, c'était de la grande détresse, vu l'ampleur de la tâche, s'il le laissait faire seul, demain, il y serait encore. Il s'empara involontairement d'un livre à couverture verte avec un titre orange juste avant que la main de Nathaniel ne le saisissent, et le mit dans une pile de bouquin avant de le poser sur une étagère.

*Baudelaire*

Nathaniel n'était pas un amateur de poésie. Trop déprimant. Trop cérébral. La douleur, il la préférait crue. Enfin, le visiteur ne semblait pas rancunier.
Une bonne chose.
Le jeune homme reporta son attention sur le sol...

...Et le type attrapa son bouquin avant lui. La mauvaise humeur de Nathaniel revient à la puissance mille, pondérée par les lois immuables de la bienséance. L'agent l'aidait à ranger son bordel, il n'allait pas lui hurler dessus. Une bibliothèque était un lieu d'étude où silence et retenue régnaient en maître.
D'autant qu'il se dégageait une aura de dangerosité de cet homme qui n'était pas pour déplaire au rouquin masochiste. Le japonais portait avec lui l'odeur de la mort. En taule, il avait croisé quelques mecs comme cela, d'apparence froide, qui ne paye pas de mine. Souvent, ils avaient à leur tableaux de chasse les meurtres les plus gores. Et les yeux bridés, il s'en méfiaient.
Des sacrés vicieux.
Il chassa les souvenirs désagréables, et se tourna vers l'agent :

- "Merci, je vais m'en occuper. Je suis vraiment navré de vous avoir dérangé." La voix grave de Nathaniel véhiculait sa sincérité comme de l'hydromel, doux, enivrant et avec une pointe d'épices inattendue. Un instant, il fixa ses émeraudes dans le regard étrangement coloré de l'agent et il détourna la tête.

Un coup d'oeil lui avait suffit pour comprendre et mémoriser le classement des ouvrages qu'il s'empressa de ranger, minus ceux qu'il souhaitait emprunter.
Quand au fautif de tout ce bazar, il le déposa sur l'escarbot, puni, tout seul, au coin.

Et c'était vrai. Une odeur de sang et de cerisier semblait toujours émmanait de lui. Faiblement, mais l'entourant comme une aura inquiétante, et fascinante.

Crimson se retourna quand on lui parla. Bien, s'il ne voulait pas de son aide... C'était son problème, Crim' n'allait ni se vexer, ni insister sur le sujet! ça ne le regardait pas, après tout. Il était assez grand pour savoir s'il avait besoin d'aide ou non.

Il releva la tête et encra son regard dans celui de Nathaniel, avant d'esquisser un petit sourire de politesse.

" Ce n'est pas grave... De toutes façons, j'aurai peut-être passé la nuit ici."

Et ce n'était pas un monsonge, avec ses insomnies, c'était même fort probable.

Il regarda donc l'autre homme s'activer à ranger les étagère, les bras croisés. Puis, il osa lui demander d'une voix neutre:

" Au fait, pourrai-je savoir votre nom?"

Ben ouais, c'était quand même un manque de politesse de pas demander son nom à quelqu'un à qui on "parlait". Bon, d'accord, crim n'était pas trés bavard, mais il faisait des efforts! ^^

*De toutes façons, j'aurai peut-être passé la nuit ici.*
Décidément, il rencontrait des gens étranges ici... Soit le métis était un rat de bibliothèque, soit il ne dormait jamais, enfin, pas aux horaires standards. Ajouté cela au sentiment d'insécurité croissant que sa présence générait chez Nathaniel, l'agent sortait de l'ordinaire.

Le scientifique se consacra sur sa tâche de rangement, lisant au passage les titres des ouvrages disponibles. Cette pièce était une véritable mine d'or, sauf qu'il disposait presque de tout dans son bureau. Plus accessible et surtout, sans personne pour le surveiller. Nathaniel aimait lire en compagnie des plantes, surtout des lys odorants au parfum si entêtant qu'il en devenait nocif.

Complètement absorbée dans sa tâche, il oublia l'observation dont il était l'objet. Son visage se détendit complètement alors que sa honte se dissipait peu à peu. Son regard croisa les jambes de l'agent. Il leva la tête, un peu surpris de le trouver encore là, un sourire poli s'accrocha à ses lèvres, par réflexe.

Nathaniel se leva et prit la pile de bouquin, sans oublier l'objet de tout ces soucis, ce foutu ouvrage aux couleurs criardes. Il était chargé et n'avait pas de sac. Parfois, on a beau être un petit génie, le contingences matérielles vous rappellent à l'ordre.

* Au fait, pourrais-je savoir votre nom?*
Les yeux émeraudes s'agrandirent. Des mondanités. Il avait horreur des mondanités. Sans compter que pour serrer la paluche du métis, il devrait reposer ses bouquins qui appuyaient sur son avant-bras meurtri.
Le rouquin, l'air pensif, contempla son fardeau, pendant plusieurs secondes.
Poser.
Pas poser.
Poser.
Pas poser.... Ha, la politesse.
Nathaniel essaya de se libérer en délicatesse de la pile instable sur la table. Le poids ne le dérangeait pas vraiment, c'était plus tôt l'encombrement. Il tendit sa main droite gantée de mitaine en cuir à l'agent :
- "Nathaniel Fern. Enchanté." Sa voix grave, formelle, s'anima un peu lorsqu'il précisa, "Je travaille à la section scientifique. Je suis botaniste, responsable des serres."
Ses yeux pétillaient. Impossible d'évoquer sa passion sans que son coeur s'emballe. Sa boule d'angoisse avait presque disparu.

Eh bien, Crim' était sans doute un peu les deux! Rat de bibliothèque, et insomniaque! Et aussi assez poli tout de même. Enfin un minimum, fallait pas non plus lui demander la lune!

Il observait le jeune homme classer les livres. ça serait allé beaucoup plus vite à deux. Mais il faisait comme il voulait, après tout. D'ailleurs, au moins, çalui évitait des efforts... Et en plus il pouvait l'observait sans même être remarqué. Le jeune homme sentait bon les fleurs, étrangement. Et il était plus grand que lui, ce qui énervait passablement Crim'. Il aimait pas tout ce qui était plus fort! Mais avec une seimple aiguille, il pouvait tuer tout ce qu'il voulait, alors...

Il le vit poser ses ouvrages et lui tendre la main en lui répondant. Bah pourquoi il lui tendait la main au juste? ah, oui, c'était une façon de se présenter! Il prit donc poliment la main, enregistrant les informations dans son esprit. Il n'oubliait pas u visage, ni un nom... Enfin c'était rare!

" Crimson Butterfly, service de récupération..."

Il avait remarqué la lueur dans les yeux du scientifique. Il notait et obserevait beaucoup. Un reflexe d'assassin, sans doute. Mais un réflexe qui lui avait sauvé la vie maintes fois!

" Responsable des serres? ça doit être interessant... Auriez vous des exemplaire de Stramoine, par hasard? Je trouve ces fleurs particulièrement jolies!"

Bah là, oui, c'était aussi une de ses passion... Les jolies fleur... Mortelles! On pouvait faire de bon poison avec de la stramoine, il n'avait encore jamais eut vraiment l'occasion d'essayer cette plante!

Un frisson parcouru l'échine du rouquin à l'énoncé de l'identité du métis. Un nom de code. Un récupérateur. Exactement ce qu'il voulait fuir. Nathaniel avait eu sa dose de meurtriers en tout genre, qu'ils bossent pour une organisation ou qu'ils soit largués en roue libre dans le paysage revenait au même. Une catégorie d'individus qu'il préférait éviter de fréquenter.

Sinon, il se rappellerait encore de Flore.
Son coeur s'accéléra.
L'angoisse se lova de nouveau dans sa gorge.
Dans le creux de son estomac.

Nathaniel ne se départit pas de son sourire poli, malgré sa pâleur grandissante. L'éclairage tamisé de la zone où les deux jeunes hommes discutaient camoufla l'état du rouquin, qui n'en menait pas large. Heureusement, l'agent s'abstint de tout commentaire et s'intéressa même au sujet qui fascinait tant Nathaniel...
Pour lui parler de plantes toxiques.
De plantes connues pour leur teneur en alcaloïdes particulièrement dangereux.
Soit c'était une plaisanterie de fort mauvais goût, soit Crimson affichait sans complexe un intérêt morbide pour les poisons... Les lèvres de Nathaniel s'étirèrent et cette fois, le sourire éclaira ses yeux émeraudes nonchalants.

- "Les serres sont particulièrement riches, cependant les plantes toxiques et vénéneuses ne sont pas accessibles librement. Les raisons sont évidentes, n'est ce pas ? Si vous avez besoin d'échantillons, contactez-moi, avec une autorisation du responsable de votre service."
Le botaniste acheva son laïus professionnel.

- "Si vos intérêts tiennent plus du hobby... je suis toujours heureux de discuter avec un amateur éclairé."
Le rouquin avait incliné sa tête, un air gentiment moqueur sur le visage.

Un interêt morbide pour les poison notre Crim? Non! ou si peu!!! ^^ En effet, Crimson était fou des poisons, pour la bonne et simple raison que c'était une sorte de souvenir de son ancien amant et prédécésseur à ce poste. C'était ainsi qu'il l'avait "suicidé". Par une simple aiguille enduise de son venin. Frêle, mais dangereux. il ne fallait jamais se méfier des apprences.

Mais Nathaniel n'avait rien à craindre de Crimson à ce moment là. Il était calme, et n'avait reçu aucun ordre le concernant et lui demandant de tuer l'autre jeune homme. il ne le ferait donc pas. c'était un tueur, mais pas un assassin. Il n'éprouvait pas de véritable plaisir à tuer...

" Oh? Des plantes toxiques, vraiment? Je les trouvai simplement jolies!"

Mais le sourire ironique sur les lèvres de Crim' montrait bien qu'il s'amusait à mentir à son interlocuteur. Ah, encore et toujours de la paperasse même pour avoir droit à de "simples" plantes. Le réseau était impossible avec ce côté administratif! Surtout qu'il n'aimait pas aller quémander à des responsable quoique ce soit.

Mais au moins, il savait qu'il y en avait, c'était déjà un bon point.

" Ce sont de pur hobby.. J'aime ebaucoup les plantes, particulièrement les cerisiers, d'ailleurs... Elles sont fascinantes, non? Certaines guérissent, d'autres empoisonnent ou blessent... Tout cela en étant d'une fragilité extrème! Mais je suppose que je ne vous apprends rien! Cela fait longtemps que vous êtes responsable de la serre? Vous devez connaître des espèces rares dont je ne doit même pas oser imaginer l'existence... ça doit être passionnant..."

En disant cela, il pensa à ses cerisiers quasiment éternellement fleurit, sur lesquelles il avait passé des années de recherche, à la suite de son ancien amant, passionné lui aussi par cet arbre, et surtout par ses fleurs fragiles et délicates...

*Oh? Des plantes toxiques, vraiment? Je les trouvais simplement jolies!*

Le sourire de Nathaniel s'agrandit. Il appréciait l'humour délicat de l'agent. l'expression concrète de sa finesse d'esprit.
Voilà pourquoi il fuyait les membres de ce service.
Perspicaces et dangereux, une combinaison détonante surtout quand s'y ajoutait un physique attirant. L'odeur du souffre lui brûlait les voix respiratoires, et son angoisse étendit sa main invisible de son estomac à sa gorge.
Il se sentait comme un papillon attiré par une lampe tempête
Seule sa passion dévorante pour la botanique protégeait ses fragiles ailles.

Le métis s'anima et derrière la banalité des propos, un intérêt profond pour les plantes s'exprimait. Nathaniel hocha poliment la tête et répondit d'une voie étrangement distante à la question sur son engagement :
"Je suis en poste depuis presque qu'un an."
Un mot de Crimson avait détourné son attention. Cerisier. Il n'avait pas de nouvelles de Saku depuis trois semaines. Les longs échanges épistolaires avec l'agent lui manquaient. Durant sa période de quarantaine, ils avaient constitués l'ultime fenêtre sur les humains, la dernière possibilité de discussion.
Les toubibs ne comptaient pas.
Vraiment pas.

Le rouquin se demandait souvent si d'autres tueurs utilisaient les poisons avec autant de zèle, de talent et de joie que Saku. Le métis qui lui faisait face appartenait à la même catégorie. Les agents de ce service se baladaient rarement dans les couloirs du Réseau, toujours en mission, à moins qu'ils ne logent dans un autre QG. Nathaniel était donc bien surpris.

"A l'occasion, si vous passez voir la serre, il y a un grand prunus serrulaté qui a encore quelques fleurs. C'est la variété à port pleureur, le Kiku-shidare-zakura. Ah, pardonnez ma prononciation japonaise déplorable..." Le rouquin n'avait jamais réussit à se débarrer de sa pointe d'accent américain. Son esprit assimilait les sciences dures sans sourciller mais se montrait étonnamment revêche sur la question des langues étrangères.

(désolé, j'avais pas vu ta réponse. ^^)

Crimson ne perdait rien des réactions du botaniste. Il semblait l'avoir trés bien cerné, qui plus est. Pour l'instant, il n'avait rien à craindre de Crim. mais l'agent était en effet des plus dangeureux. Quoique Nathaniel ne devait pas être tendre non plus. On ne travaillait pas au réseau par hasard...

Etrangement, Crim pensa aussi à Danu. Il n'avait plus eut de nouvelle avec la seule personne qui avait réussit un tant soit peu à briser son miroir de glace. La passion pour la botanique du scientifique lui rapellait la jeune fille. Enfin, ce qu'il imaginait alors être une jeune fille.

Mais il n'avait plus eut l'occasion de parler avec elle depuis son retour à la maison-mère. Il fallait dire que pour y venir, il avait du voyager, et qu'ici, il n'avait pas encore eut trop de répit. Mais elle lui manquait. Bizarre ça, quelqu'un de vivant lui manquait. Cela faisait bien longtemps que ça n'était plus arrivé à l'assassin.

A la proposition, Crimson eut un sourire. Passer voir des cerisier, voilà qui l'enchantait! Cela lui faisait penser aux siens, dans son appartement.

" Je passerai volontier ssi j'ai accès à cette section. Mais je crains que sans un botaniste, ma présence n'y serait pas justifié et je risque de me faire réprimander. cela dit, ça me tente, Ces arbres me passionnent."

Et c'était rien de le dire, c'était une obsession. Comme ses papillons rouges. Une sorte de matérialisation de la folie qui le dévorait. pourtant, Crimson finit par avoir un sourire un peu moins calculé devant l'excuse de l'américain.

" Votre accznt vous donne un charme!"

plaisanta t-il.

Oui mais n'empêche, mintenant, il voulait la voir, la serre, mais il n'en avait pas le droit... Quand à demander à son chef de service, c'était hors de question! Pas de paperasse, il ne s'en porterait que mieux...

" Les fleurs de cerisiers sont magnifiques... non? Je me demande quelle autres genres de merveilles votre serre peut-elle bien contenir..."

Parlait-il des cerisiers ou des plantes toxiques? Toujours difficile de savoir avec crimson. Mais nul doute qu'il envait droelement envie de la visiter, la serre!

Nathaniel ne réagit pas à la remarque du récupérateur sur son accent. Il n'aimait ni sa voix ni son corps et s'échinait à les oublier. Le travail était l'échappatoire le plus efficace à sa prison de chaire.

Par contre, il nota s'être probablement mal exprimer et le métis avait compris, à tord que toute la serre était en accès réservé, alors que seules certaines salles secondaires étaient interdites. La grande coupole d'architecture art-déco demeurait ouverte, même si peu d'agents venaient s'y promener, par manque de temps ou d'envie, peu-être.
Si Crimson ne lui avait pas rappelait Saku, il n'aurait pas rectifié l'erreur, garantissant ainsi la quiétude du lieu. Mais le désir qui perlait dans son évocation des merveilles supposées prit le rouquin par les sentiments.
Quelqu'un qui aime les plantes est digne d'intérêt.
Même s'il appartient au service de Récupération.
Même s'il a du sang japonais qui coule dans ses veines.

Nathaniel s'apprêtait à lui dire qu'il pourrait venir quand il le souhaitait quand un détail l'arrêta. Un minuscule détail. De la poche de l'agent dépassait son badge d'accès, ce sésame qui permettait en autre d'ouvrir la porte de sa chambre, avec le numéro. Numéro que Nathaniel connaissait pour avoir eut à charge, pendant quelques mois, l'entretient des arbres. Plus exactement de cerisiers d'une espèce très particulière. Il ne savait pas, bien sur, qui vivait ici. Il se contentait d'arroser et nourrir les plantes.

Le jeune homme cessa de respirer.
Il pâlit.
Pâlit encore, jusqu'à ce que sa peau devienne presque transparente.
Ses petites tâches de rousseurs discrètes ressortaient, comme si du sang avait giclé sur son visage.
Inconsciemment, il recula d'un pas.
Pendant des semaines, il était allé dans l'appart d'un récupérateur...
A se demander pourquoi il faisait tant d'efforts. Tant d'efforts pour éviter de fréquenter des gens dangereux, tant d'efforts pour réprimer ses tendances masochistes, tant d'efforts pour ne pas se frotter et ce lui à ceux qui voudraient le blesser. Tant d'efforts...

Nathaniel ne réalisait pas que son comportement n'avait rien de normal. Il était bien incapable d'interpréter le regard trop coloré du métis. Il voulait être dans son bureau. Seul. Loin des facteurs de risques. Loin de la tentation.
- "La grande serre est en accès libre. Si vous voulez bien m'excuser..."
Il repris sa pile branlante de livres, d'un geste tremblant, un peu maladroit, et la cala volontairement conte sa blessure, éveillant la douleur amie. Il hocha poliment la tête. Maintenant, il ne lui restait qu'a retourner dans sa section, en priant pour que les bouquins ne décident pas de faire la java. Il aurait vraiment dû prendre un sac...

Oui, sans doute que le jeune métis avait mal comprit.
Il en aurait était donc heureux d'apprendre qu'une partie de la serre était accessible.
même si celle-ci ne renfermait sans doute pas ce qui était suceptible de l'interesser.
Il s'appretait aussi à parler quand l'autre homme palit.

Il n'avait pas l'air bien d'un coup.
Il recula même, suprenant le jeune tueur.
Et cette fuite soudaine, vraiment, là, crim avait loupé un épisode.
Et sans qu'il ait pu dire un mot, il vit l'homme tenter de s'enfuir.
en temps normal, il n'aurait pas réagit, si Nathaniel ne lui évoquait pas Danu, qui lui manquait drolement, d'ailleurs, à lui qui n'avait pas de sentiments, habiutellement.
Il rattrappa donc l'homme, saisit des bouquins et lui fit un sourire froid, certes, mais un sourire tout de même!

" je vais vous raccompagner, vous n'avez pas l'air bien. Peut être devrais-je vous conduire à l'infirmerie?"

Puis, le jeune homme décida de jouer franc jeu et soupira.
Il regarda Nathaniel dans les yeux.
Il n'était pas bête, voir même, il cernait bien les gens.
Et il savait que son nom de code criait ce qu'il était ici.
Il ne s'en cachait d'ailleurs pas.

" Je ne vous ferez rien, je ne vois pas pourquoi je vous ferez du mal. Ni pourquoi je vous ferez du bien,d 'ailleurs, je ne vous connais pas assez pour cela. Alors, si vous devez fuir, ayez au moins le courage de dire pourquoi."

sur ces mots, il reposa les livres sur la piles de l'homme et partit sans un mot de plus.
Il aurait tellement voulu que Nathaniel ne le fuit pas.
Pourquoi d'ialleurs? la solitude ne le genait pas.
Parce qu'il lui rappelait danu?
Ou parce que, pour une fois qu'il parlait avec quelqu'un, il se faisait jeter...
Mais voilà que la jeune fille lui manquait...
Il se décida donc à aller la voir...

( je poste à ma chambre pour qu'il l'attende, si tu veux encore jouer avec moi, t'as qu'à me répondre là bas!"^^)

Nathaniel s'apprêtait à partir quand sa pile de livre manqua de s'écrouler. Le métis l'aida à rétablir l'équilibre des ouvrages récalcitrants. Il eut un nouveau mouvement de recul. La panique pointait son nez. Alors quand l'agent le sermonna avant de quitter la pièce, il resta un instant étourdit. Pouquoi ? Le comportement de l'amateur de poésie ne lui semblait pas très constant. Il lui proposait de l'aide puis lui reprochait son attitude fuyante, ne réalisant pas la terreur qui nouait le ventre du botaniste.

Le rouquin songea que le métis n'était pas doué pour les relations humaines. Un récupérateur certes, un tueur, sans aucun doute, mais pas un espion. Ses compétences en psychologie faisaient défaut. Cette brusquerie, mais aussi la solitude subit qu'il avait deviné dans les yeux bleus, lui rappellèrent encore son correspondant.
Plusieurs fois Saku s'était braqué sur des phrases mal interprétées ou au sens trop subtiles. Nathaniel avait deviné alors que l'anglais, qui régissait de leur échanges épistolaires, n'était pas la langue maternelle de son ami. Nathaniel évitait les questions personnelles. Saku restait un récupérateur, même s'il lui témoignait gentillesse et soutient.

La porte claqua dans le silence. Nathaniel était de nouveau seul. Il en profita pour fouiner dans le bureau désert du bibliothécaire et dénicha un sac plastique qui l'aiderait à trimballer tout son matériel. Son travail l'attendait, maintenant, qu'il avait retrouvé sa documentation.
Sur le chemins du retour, il rédigea mentalement un court mail à Saku s'inquiétant de son absence de nouvelle. Juste pour savoir si tout allait bien.

[recyclage]- libre

De la poésie, et encore de la poésie... Qu'est-ce que c'était donc que ces ouvrages qui lui avaient été livrés, il se souvenaient pas d'avoir commandé ça...
Un regard sur le bon lui certifia qu'il ne devenait pas fou mais que la livraison avait bien pas mal de semaines de retard, le nom de son prédecesseur était noté sur le bout de papier...

Yssan soupira, posa le carton sur le coin de son bureau, et en vérifia le contenu. Puisqu'il l'avait reçu, il n'avait plus qu'à faire son travail... Vérifier l'état des ouvrages, les rentrer dans la base de données, et les ranger sur une étagère...
Il était prêt à parier qu'ils allaient y prendre la poussière.

Depuis le temps qu'il bossait ici, il n'avait que de trop rares clients, à croire que, comme à la Schwartz, les agents du Réseau ne se préoccupaient pas de leur culture générale. Son seul visiteur régulier était le responsable de la serre, un jeune homme charmant, et fort attirant...
Mais un peu trop réservé, peut-être...

Les fenêtres de la pièce étaient ouvertes, laissant entrer l'air doux de ce milieu de printemps, le travail fut vite expédié, et le brun se retrouva sur son fauteuil, les pieds sur le bureau, le dos à la vitre, la lumière du soleil tombant sur sa dernière lecture en cours, enfin relecture, il ne se lassait pas de l'univers futuriste d'Asimov...
A ce rythme, il aurait lu plus des livres présents ici que l'ensemble des agents du Réseau réunis.

[libre ! Viendez les gens ^^]
samadi 14 avril 2005 (si c'est oki pour toi ^^)

Nathaniel, trois livres sous le bras, marchait d'un pas résolu en direction de la bibliothèque, l'air visiblement pressé. En fait, il ne l'était pas du tout. Il avait même prit la peine de retirer sa blouse de travail. Il marchait ainsi par habitude, pour ne pas être déranger. Il voulait être seul, tranquille et surtout loin d'un certain membre du service récupération. Comme il se sentait fatigué de sa crise de la veille et qu'après tout, c'était le week-end, il pouvait bien s'accorder un peu de repos. Surtout quand le loisir était de potasser des ouvrages dont le contenu se liait directement à son activité professionnelle.
Le rouquin poussa la porte de la bibliothèque avec discrétion, écoutant le silence rassurant du lieu. Monsieur Shibata était dans une position fort relâchée, preuve qu'il devait être seul. Parfait. Nathaniel se dirigea vers son bureau, présentant les livres qu'il venait rendre.
- "Excusez-moi" La voix douce et grave avec une pointe d'accent résonna, mettant un peu mal à l'aise son possesseur de troubler ainsi la tranquillité. "Bonjour, je vous ramène cela." Le regard émeraude prit soin de ne pas croiser celui de l'homme et de se rester accrocher à la couverture verte du haut de la pile.

Distraitement, de la main gauche, le jeune botaniste fouilla dans sa poche pour sortir le papier manuscrit où il avait indiqué la référence d'une thèse qu'il souhaitait emprunté à l'université de Berkeley. Il ne serait pas simple de l'obtenir, il n'existait que peu d'exemplaires, tous conservés là-bas, en Californie. Pour couronner le tout, le travail daté des années soixantes.
Ce n'était pas rare que Nathaniel fasse des demandes un peu farfelues, mais celle là surpassait de loin toutes les commandes qu'il avait pu effectué. Il avait aussi indiqué les coordonnées de plusieurs professeurs qui pourraient simplifier le processus pour un prêt inter-bibliothèque. Il tritura un instant son papier, hésitant à le confier. Après tout, c'était samedi pour tout le monde, il lui donnerait une autre fois, et puis, il était surtout venu pour lire... Comme à son habitude, le rouquin avait presque oublié la présence de son interlocuteur.

[oki pour la date]

Yssan était parfaitement installé, au début, ce n'était pas le cas, la vieille chaise de bureau n'étant pas assez confortable pour cette position, mais vu qu'il passait ses journées ici, il avait ramené un vrai fauteuil, parfait pour ne pas avoir mal au dos dans sa position favorite.
Ce qui faisait que, dès qu'il était seul dans la bibliothèque - c'est-à-dire pratiquement tout le temps à longueur de journées - il adoptait cette position ou une semblable et lisait.
Et comme pour la plupart des gens, lire l'entraînait dans un silence reposant, et n'entendant pas d'autres bruits.

Il avait installé son bureau de manière à ce que son oeil valide englobe la porte d'entrée dans son champ de vision, ce n'est donc pas le bruit, mais l'apparition de Nathaniel qui le sortit de son univers.
Yssan aimait bien le rouquin, sans lui, il s'ennuierait ferme dans cet endroit, le responsable de la serre venait, en moyenne, au moins une fois par semaine, et de temps à temps avait pour lui une commande particulière, de quoi s'occuper un moment, le temps de lui procurer ce qu'il désirait.

Le brun se redressa, enlevant ses jambes du bureau, permettant à son vis-à-vis de poser les livres dessus. Et encore une fois, les yeux bleus tentèrent d'accrocher ceux de Nath, un jeu régulier entre eux...
-"Bonjour, j'espère que vous avez trouvé ce que vous vouliez dedans...", s'enquit le bibliothécaire.
Parce que, même si Fern était son meilleur client, le roux avait tendance à n'emprunter que des livres sur sa fonction, et lui ignorait tout à la botanique...
Ne pouvait-il pas tomber sur des agents qui liraient tout ce qui leur passe sous la main, pour pouvoir remplir ses journées ?

Tandis qu'il s'occupait de marquer les ouvrages comme rendu... - enfin, vive l'électronique et l'informatique, il n'avait pas grand chose à faire, juste passer le petit code-barre sur la borne infra-rouge... - son interlocuteur sembla se perdre dans ses pensées, maltraitant un bout de papier.
Le brun ne s'en formalisa pas, il commençait à avoir l'habitude. Quelque minutes avaient suffit pour qu'Yssan comprenne qu'il n'y aurait que des rapports courtois entre eux, et que le roux était ainsi avec tout le monde...
-"Je peux faire autre chose pour vous, Monsieur Fern ?"

Ah oui, si ça n'avait tenu qu'au brun, cela ferait un moment qu'il l'appellerait Nath, ou Nathy... Mais cela semblait trop gêné son vis-à-vis.
Et le roux restait face à son bureau seulement quand il avait besoin de quelques chose de précis, sinon il allait trouver lui-même ce qu'il voulait dans les étagères, donc il voulait lui demander un truc, magnifique logique n'est-ce pas ?

La voix du bibliothécaire tira le scientifique de ses pensées. Il aimait bien la politesse de l'homme, même si ce dernier s'autorisait parfois des plaisanteries, il ne sombrait jamais dans une familiarité déplacée. En respectant la distance implicitement instauré pas le botaniste, il s'était attiré son respect et même une certaine affection.
Bien sûr, Nathaniel n'était pas complètement détendu en sa présence, mais il ne s'angoissait pas trop à l'idée d'une visite à la bibliothèque. Vu ses antécédents psychologique, c'était déjà une victoire. Il tritura encore un peu le papier maintenant corné. Non, décidément, il ne voulait pas ennuyé son collègue avec ça. Pas aujourd'hui. Le papier regagna le fond de sa poche et le jeune homme secoua vigoureusement la tête, ses longues mèches auburn lui caressant les joues.
- "Non merci. Je suis juste venu profiter de la tranquillité du lieux."

Le regard vert embrassa les étagères où s'entassaient des centaines de référence. Il connaissait par coeur les rayons dédiés aux sciences de la terre mais aussi à la biologie et à la chimie. Comme il se sentait d'humeur aventureuse, il décida de se pencher sur les ouvrages ayant attrait à l'Irlande et à sa mythologie. Il doutait de trouver un livre qu'il n'ait pas déjà chez lui, mais qui-sait, une bonne surprise l'attendait peut-être. Alors plutôt que de passer en revue la base de donnée informatique, il opta pour une fouille à l'ancienne. Et puis, Nathaniel n'était pas un accro du clavier.

Par la fenêtre ouverte, une agréable brise fraîche apportait des odeurs d'herbe coupée et le chant des oiseaux donnait une impression champêtre déroutante. Quand le docteur avait suspendu sa quarantaine, le botaniste avait filé à la bibliothèque, sa curiosité attisé par les réflexions de ses assistants sur la richesse du lieu qui foisonnait d'ouvrage rares et sur son architecture classique. L'ambiance avait cette sérénité propre aux lieux amis du silence, là où les voix ne s'élèvent jamais et où violence et vulgarité de l'existence sont proscrit. Un sourire timide courba les lèvre du rouquin. Il était content d'être là, malgré sa fatigue.

La question qu'Yssan posa sortit de ses réflexions son visiteur de la journée.
Et la réponse fut négative.
Pourtant le brun était prêt à parier que le papier que le roux avait trituré quelques instants contenait des renseignements sur un ouvrage qu'il voulait obtenir.
Mais il ne s'en formalisa pas. Après tout, on était samedi, et même s'il travaillait ce jour-là, jusqu'à moins tard que les autres soirs quand même, il n'en était pas forcément le cas d'autres personnes. Si le responsable voulait quelque chose de bien particulier, il n'était pas idéal de le chercher un week-end.

-"Ah, ça, pour être tranquille, c'est tranquille..."
Le bibliothécaire était lui-même son plus fidèle client suivi par le responsable de la serre. Ensuite, il avait eu des visites inattendues, rares, très rares, voire inexistante...
Bref, on se demandait pourquoi le Réseau avait un tel bâtiment et une telle quantité d'ouvrages... Pour ce que cela servait...
Mais il n'allait pas se plaindre, il était en sécurité, loin des tueurs à gage à sa poursuite, et n'avait pratiquement rien à faire de ses journées...

Et finalement, les miracles arrivaient peut-être, le roux ne choisit pas ses rayons habituels, et se dirigea vers le coin légende-mythologie... Le brun en profiterait pour ranger rapidement les livres ramenés, avant de couvrir, et d'étiqueter les recueils reçus... Oui, il aurait pu le faire avant de se mettre à lire, ou avant l'arrivée de Nathaniel, mais ce n'était pas urgent...
La commande était arrivée, et complète... Ce qui était le principal...
Rapidement, ces livres gagneraient aussi leur étagère respective.

Il sortit le nécessaire, papier transparent autocollant, ciseaux, code-barres pré-imprimés et déposa le tout dans un joyeux bazar sur son bureau.
Il ne se sentait pas du tout motivé, là, le roux était sûr de pas avoir besoin de lui ?

Nathaniel allait se perdre dans les rayonnages quand l'incident de mercredi lui revient en mémoire. Les livres qu'il avait emprunté n'avaient pas été scannés en l'absence du bibliothécaire. D'ailleurs il souhaitait l'interroger sur la présence de son ouvrage parmi ceux destinés au prêt. Peux-être que le laborantin qui avait ramené les livres les avait lui même rangé ? Le rouquin préférait éclaircir l'affaire.

Il se rapprocha de nouveau du bureau mais, incapable d'aborder le sujet avec tact, il resta un instant planté là, visiblement de plus en plus mal à l'aise, à tirer sur les manche de sa chemise sombre.
- "Heu... excusez-moi." Les yeux verts du botaniste s'ancraient férocement sur le tas de post-it rose posé juste à droite des mains de monsieur Shibata. Il semblait parfaitement hypnotisé et restait sans bouger, le dos bien droit. Le bibliothécaire déplaça le petit tas de feuilles adhésives colorées, regagnant ainsi l'attention de Nathaniel.
- "Ha, je suis passé mercredi, vous étiez absent. Mon assistant avait ramenés les livres mais un des miens s'était glissé dans le tas. Je l'ai récupérer, mais..." La voix grave se fit hésitante, le volume diminua pour ne devenir qu'un souffle. Le rouquin ne savait pas comment abordé le noeud du problème. Il prit une nouvelle inspiration, et planta son regard émeraude dans celui de plus en plus interloqué de son collègue
- "Il était rangé sur les étagères." Le problème, évident pour le scientifique – comment un livre sans code-barre pouvait être mélangés avec les autres – était pourtant délicat à formuler. Il ajouta, avec un précipitation enfantine : "Je vous ai aussi emprunté une douzaine de livres. Je peux vous donner les titres..."

Yssan avait à peine sorti tout ce dont il avait besoin que le roux se retrouvait de nouveau face au bureau, toujours aussi mal à l'aise qu'à son habitude. Faisait-il si peur que ça ?
Il regarda les mains gantées triturer le tissu de sa chemise, attendant que le responsable se mettre à parler. Mais les yeux verts ne quittaient pas les petits post-its roses qui traînaient sur le plan de travail. Une des rares touches de couleurs de l'endroit...
La main droite du bibliothécaire les rangea dans le tiroir, ce qui sembla reconnecter Fern à la réalité.

Ben oui, lui aussi avait le droit à des pauses, rien de surprenant à ses absences, mais ce n'est pas ça qui semblait troublé l'autre, plutôt la présence d'un de ses livres personnels sur les étagères.
Le brun eut un petit sourire amusé, Nathaniel n'osait pas lui reprocher d'avoir mal fait son travail, clairement, explicitement, il avait même enchaîné de suite avec d'autres livres empruntés...
Mais au moins, les yeux verts s'étaient ancrés dans les siens quelques instants, un net progrès.

-"Je n'ai vu passer aucun de vos assistants, il a dû arriver quand je n'étais pas là..."

Il compulsa les renseignements sur les emprunts du scientifique. Cela signifiait que certains livres n'étaient plus en sa possession et d'autres l'étaient...

-"Je n'ai pas souvenir de les avoir rangé..." - Et puis, il devait les noter comme retourné, donc il n'aurait pas manqué l'absence d'un code-barre... - "Je n'ai donc aucune explication pour la présence de votre ouvrage personnel dans le tas..."

Par contre, il devait mettre à jour les données du roux, maintenant qu'il était au courant, il avait toute confiance en Fern pour lui rendre tous les ouvrages empruntés, mais si, au cas où, quelqu'un voulait l'un des livres déjà pris, il puisse lui dire qu'il n'était pas là...

-"Mais, il me faudrait les titres des ouvrages ramenés, et ceux empruntés, pour que je sache ce qu'il y a ou n'y a pas dans ces murs..."

*Je n'ai donc aucune explication pour la présence de votre ouvrage personnel dans le tas...*
Nathaniel se décomposa littéralement sous les yeux du bibliothécaire. Ses joues pâlirent tant que ses taches de sons furent la seule touches de couleurs qui restait. Le rire de l'homme l'avait complètement déstabilisé. Il se moquait probablement de sa bêtise et de son malaise... Accuser ainsi à demi-mot quelqu'un d'incompétence, voilà un comportement bien ridicule. Surtout que monsieur Shibata avait prouver de nombreuses fois ses qualifications.
Le botaniste aurait voulu disparaître sous le plancher. Il se raidit un peu, son regard se durcit et le vert de ses yeux paraissaient irréel tant sa peau était devenue blanche. Son cerveau fonctionnait à plein régime pour trouver une explication logique tandis qu'il récita d'une voix monocorde et lente, titre, nom d'auteur, collection, maison d'édition et année de publication des treize livres qu'ils avait prit mercredi mais aussi des livres qu'il avait trouvé dans les rayonnages, visiblement sans passer par la case "scanage" du code barre.

Ignorant l'expression de son interlocuteur sous le flot d'information, il attendit que l'agent ait tout entré dans sa base, puis il ajouta :
- "Je vous présente toutes mes excuses pour ce malentendu. Je pense que mon assistant aura rangé lui même les ouvrages."
Ce n'était pas la première fois qu'il prenait des initiatives malheureuses. Le garçon était gentil mais il resterait probablement assistant toute sa vie. "Je vais m'assurer que cela ne se reproduise plus. Je suis navré de vous donner du travail supplémentaire."
Nathaniel se félicita de ne pas avoir passer la commande pour le prêt inter-bibliothèque. Il embêtait suffisamment l'agent. Il reviendrait dans le courant de la semaine prochaine, et par la même occasion, ramènerait une partie des ouvrages. Enfin, il se se trouvait quand même bien stupide.

Non, Yssan ne se moquait pas du roux. Mais son incapacité à accuser explicitement quelqu'un de mal faire son travail l'amusait beaucoup. Utiliser les sous-entendus pour en arriver là, ça aurait de quoi dérider n'importe qui... Enfin, non, peut-être pas vu la réaction du responsable. Mais au moins le brun se sentait détendu, il avait même ri de bon coeur, ce qui avait sans doute contribué à l'apparition d'une certaine tension dans le comportement de Nathaniel.
Mais sans sembler se vexer outre mesure, l'irlandais se contenta de lui réciter parfaitement toutes les références des ouvrages empruntés ou remis en étagère.

Le brun était surpris par cela, pas comme s'il était nécessaire d'avoir toutes ces informations, rares étaient les ouvrages qu'ils possédaient en plusieurs exemplaires ou sous des éditions différentes, mais lui-même aurait été incapable de retenir ce flux de références même si sa vie en dépendait... Pourtant il n'en montra rien, se contentant de jouer du clavier et de la souris pour noter tout cela dans sa base de données.

-"Voilà, tout est correct."

Avec les renseignements de Fern, il n'avait pas fallu longtemps pour dénicher rapidement chacun des livres cités. Et c'est donc rapidement qu'ils étaient parvenus à finir cette tâche.
Le brun posa ses yeux bleus sur le rouquin quand celui-ci s'excusa.

-"Ne vous excusez pas. A votre place, j'aurais sans doute réagi de la même manière... Enfin presque, j'aurais fait preuve de moins de tact."

Puis le bibliothécaire n'allait pas se plaindre de ce surplus de travail. Moins il en faisait, mieux c'était, oui, mais pas au point de ne rien avoir à faire du tout, sinon c'était l'ennui assuré.

-"Vous êtes certain que ce sera tout pour aujourd'hui ?"

Non, non, le brun n'avait pas oublié le petit bout de papier sorti, torturé, et remis dans la poche.