Un peu de poésie...

Le bibliothécaire ne tient pas rigueur de la maladresse et du manque de correction de Nathaniel. Il eut même un petit mot gentil pour détendre l'atmosphère. C'était en grande partie grâce à cette attitude que le botaniste n'hésitait pas à venir emprunter lui-même des ouvrages. Il hocha négativement la tête à la question, ne souhaitant pas importuner plus monsieur Shibata. Avec un sourire discret, il le remercia une fois encore plus et fila se perdre dans les rayons.

Il s'arrêta dans la section histoire et commença à fouiner dans les livres. Il repéra plusieurs ouvrages sur l'Irlande et ses mythes et sortit méthodiquement tous ceux qui ne connaissait pas. Quelques minutes plus tard, le rouquin, armé d'une belle pile, s'installa près d'une des fenêtres, bien planqué au fond de la bibliothèque. Rapidement, une demi-douzaine de bouquins furent ouverts sur la table, et le monde se réduit à une masse de mots et d'informations. Nathaniel était concentré, sourd aux chants des oiseaux et aux petits bruits de craquements. Il perdit toute notion du temps, absorbé dans les légendes héroïques de personnages tout plus virils et courageux, de divinités et créatures aux référents bien éloignés des nôtres. La matinée fila et le jeune homme ne réalisa ni que son estomac criait famine, ni que quelques autres agents étaient passés. Silencieux, plongé dans sa lecture, Nathaniel se sentait détendu, presque heureux. Un sourire rêveur éclaira son visage. Parfois, il prenait quelques notes sur son vieux calepin. Parfois, il compulsait un mot dans son petit dictionnaire anglais-gaélique. Le jeune homme avait perdu toute notion du temps.

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii. Le roux était certain que c'était tout pour aujourd'hui. Le brun criait donc intérieurement sa joie. A certains moments, il avait du mal entre l'apparence qu'il montrait et ce qu'il désirait vraiment, sa flemmardise tentait de pointer le bout de son nez à tout moment, mais Yssan avait suffisamment de volonté pour la repousser au loin, très loin, surtout quand ça concernait le travail...
Chez lui, c'était moins grave, que la vaisselle sale s'empile, que les cartons ne soient toujours pas défaits... Mais pas au boulot, jamais... Ça ternirait son image.

-"Dans ce cas, je vous souhaite une agréable lecture..." Tandis que lui allait faire ce pour quoi il était payé.
Il regarda Fern s'éloigner dans un rayon, ô miracle, autre que celui de la botanique et sortir quelques livres.
Lui se renfonça dans son fauteuil, jeta un regard à la pile des ouvrages neufs, soupira, prit le premier, et entama les démarches nécessaire pour que le bouquin rejoigne ses congénères sur les étagères.

Alors qu'il attaquait le second, il aperçut le botaniste s'installer à une table avec une bonne pile. Il ne risquait pas de déloger de là avant un moment...
Le bibliothécaire se remit à sa tâche, fastidieuse mais facile et rapide, et reprit donc le roman qu'il lisait avant l'arrivée du roux.
Il n'avait pas de travail à l'heure actuelle, et ne se voyait pas faire semblant de travailler, la seule entorse à son habitude fut que ses pieds restèrent bien sagement sur le sol.

David avait enfin finit son inspection du sous-sol. Enfin, ce qu’il avait put atteindre sans déclencher un système d’alarme, n’étant pas équipé, cette fois-ci là, du matériel nécessaire pour cela. Il avait appris pas mal de choses, confirmées d’autres. Mais également des trucs complètement inutiles à son goût, mais qu’il mettrait dans son rapport tout de même. Ce fut par ailleurs dans cette optique qu’il remonta plus vers les lieux où il était censé être, pour finalement rejoindre son appartement, plus précisément son ordinateur pour envoyer, ainsi, les dernières informations recueillies. Non pas que cela lui plaisait, mais plus vite ça sera fait, plus vite, il sera débarrassé, donc, plus vite il pourra vaquer à d’autres activités… Activités dont il savait déjà le contenu… et comme son sourire le témoignait, ce serait avec le plus grand des plaisirs qu’il y vaquerait…

Mais en attendant, il avait un rapport à taper, donc, arrivant à sa chambre, il prit une douche, se changer et enfin fit le pourquoi il était revenu ici. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour taper son rapport et encore moins de temps pour crypter, c’était devenu tellement habituelle. Si bien qu’en moins d’une heure tout était bouclé. Il se focalisa dès lors sur un dossier, personnel était inscrit en grand dessus. Il venait de le sortir d’un tiroir camouflé de son bureau. Il l’ouvrit re-commença à lire quelques brides. Cela faisait une semaine qu’il avait quitté la personne, objet de ce dossier. Il avait fait un travail minutieux, enquêté de la naissance jusqu’à maintenant. Si certaines informations avaient été faciles à trouver, d’autres furent plus compliquées à cibler. Mais le résultat ne fut pas négligeable. Il savait tout sur lui ou presque. Pour son frère, sa sœur… tout le reste…

Une dernière lecture, quelque tapotage sur son pc, et en moins de temps qu’il en fallait pour dire ouf, David localisa sa proie, qui en fait n’en était pas vraiment une. Car croyez le ou non, il était réellement inquiet pour ce scientifique un peu froid, mais assez attendrissant pour avoir réussit à toujours le cœur de notre espion aux facettes multiples. Enfin bon, il trouva le dit scientifique à la bibliothèque. Il le savait grâce à son badge et son dossier. Sur le suivit des « habitants » du réseau, il était dit qu’il était entré dans le bâtiment de la bibliothèque, ensuite, avec les renseignements recueillit, il ne fut pas compliquer de deviner où il se trouvait. Plutôt satisfait, plein d’entrain, il rangea le dossier dans le tiroir camouflé, attrapa sa veste, son badge, et se dirigea vers la personne qu’il recherchait…

Et voilà comment en dix minutes il se retrouva dans la bibliothèque, plus précisément devant un jeune homme roux, un livre à la main. L’espion nota la présence du bibliothécaire, mais ne s’y attarda pas plus que cela, juste un salut de politesse, avant d’en venir à l’objet de ses désirs… enfin, façon de parler, bien que… Il se figea donc devant le prix de beauté, le toisa sans méchanceté, assez rassuré de ne plus trop voir de bandage dépasser. Ce qui était plus ou moins bon signe. Il y avait des gens qui compensaient avec la nourriture, d’autre avec la cigarette, et Nathaniel, lui, c’était en se faisant mal. C’était une des choses qu’avait découvertes David pendant sa petite enquête. Et l’air de rien, ayant terminée sa petite inspection, il s’installa à la même table que le rouquin, et le tout, prenant la parole, avec sa bonne humeur qu’il montre habituellement.

« - Bonjour Nathaniel ! Comment vous portez-vous aujourd’hui ? »

Entrée en matière simple, mais le but n’était pas de braquer son vis – à vis à ses premiers mots. Il avait déjà eut assez de mal comme cela à l’approcher… Ce fut donc dans un sourire et un regard plus qu’envoûtant qu’il attendit la réaction de son prix de beauté…

Nathaniel, absorbé dans son monde de légende, ne réagit pas aux bruits de pas dynamiques qui se rapprochaient de lui. Sa lecture le passionnait tant qu'il oubliait même ses besoins physiologiques. Le soleil étirait un de ses rayons par le fenêtre, lui réchauffant le dos. Tel un gros matou dans une flaque de lumière, le rouquin soupira d'aise. Cet ouvrage était fascinant, il faudrait qu'il l'emprunte. Nathaniel n'entendit ni le bruit de la chaise que l'on déplace et ne sentit pas non plus le changement d'ambiance subtile. Ce fut la voix cristalline qui le ramena à la réalité.
De surprise, il lâcha son livre qui tomba sur la table avec un claquement sourd. Un instant, la panique pure saisit le coeur du jeune homme. Puis, son masque impassible de politesse distance ferment en place, il salua de la tête le visiteur. Toute émotion s'était évaporée, le bien-être et la sérénité s'était envolé, tel un mirage.

Pourquoi ? Pourquoi était-il là ? Il était pourtant certain de ne pas le croiser de sitôt. Mais là, ce n'était pas du hasard. Nathaniel s'était volontairement réfugié dans le coin le plus calme et le moins accessible du lieu, pour ne pas être déranger, pour se sentir à l'abri des regards ou des visiteurs inopportuns. La probabilité que David soit venu se perde ici était infime, et puis, il aurait facilement pu se détourner, faire semblant de ne pas l'avoir aperçu. Il lui parlait. Il s'asseyait en face, avec ce charme discret de ceux qui ont conscience de leur atout physique sans être insolent. Nathaniel ne comprenait plus rien. Peux-être que le récupérateur avait quelque chose à lui demander en rapport avec son travail. Oui, certainement. Il ne se serait pas déplacé sans une raison valable.

- "Bonjour monsieur Harper, comment puis-je vous aider ?"
Nathaniel n'avait pas répondu à la question qui, à ses yeux, n'était qu'une formule de politesse sans importance et surtout ne trahissait pas un réel intérêt sur sa santé. Il avait oublié sa résolution d'appeler le jeune homme aux yeux si envoûtants par son prénom.